Le rapport Gallois a fourni matière à un battage médiatique et à controverses politiques avant même sa livraison. Le financement de la protection sociale serait devenu l’enjeu de la compétitivité. Non, il est avant tout enjeu de solidarité nationale. « Choc » de compétitivité, dit plus crûment choc de CSG ? Cotisations patronales contre pouvoir d’achat ?
La régression française dans le marché mondial appelle initiative … du gouvernement, certes, des entrepreneurs et des investisseurs aussi. Mais le débat est obéré par l’exclusive dénonciation du coût du travail. D’où la mise en accusation du financement de la sécurité sociale. La Sécurité sociale est déjà gravement sous-financée, l’économie française ne gagnerait rien à l’érosion de ses recettes. Les prestations sociales sont, à la hauteur de 633 milliards, un soutien du pouvoir d’achat et de la consommation, donc de l’économie.
Les cotisations prélevées sur la masse salariale gagneraient d’abord à une répartition plus équitable, plus avantageuse pour l’industrie de main d’œuvre. Une cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises serait l’outil d’une politique sélective pour le soutien de la compétitivité industrielle et l’exportation. Un transfert massif sur la CSG est une solution paresseuse et risquée : aucune restructuration de l’assiette contributive des entreprises, exemption du secteur financier, affaiblissement de la demande intérieure qui est le (seul ?) moteur de notre économie.
Attention, le « choc » de compétitivité s’ajoute au choc fiscal pour contenir à 3% le déficit public et n’efface pas le choc du déséquilibre de la Sécu, pas plus que le choc nécessaire à la croissance future qui appelle un financement volontariste de la recherche, de l’innovation, de l’éducation-formation et de la santé.
Jean-Michel LAXALT
Président de l’Institut Montparnasse