« L’assurance maladie constitue peut-être l’instrument le plus redistributif du système socio fiscal en France aujourd’hui » : c’est le constat fait dans le récent rapport du Conseil des prélèvements obligatoires. Or, « l’impôt sur le revenu est devenu moins progressif et moins redistributif …et devient dégressif à l’extrémité supérieure » des revenus. Dès lors « la redistribution repose moins sur les impôts et davantage sur le mode de financement de la protection sociale ». L’Etat délègue à la protection sociale et ouvre de nouveaux espaces à l’assurance (bientôt la dépendance ?). L’action (la volonté) de l’Etat cède du terrain et régresse dans la mission républicaine de réduction des inégalités.
Car les inégalités se renforcent. « la réduction des écarts de niveau de vie aurait cessé alors que se serait poursuivie l’augmentation rapide de celui des plus hauts revenus (INSEE)». « Les minima sociaux représenteraient en 1990 une fraction du revenu disponible moyen supérieure de 20 à 30% à ceux de 2009 » ! De fait « le système socio fiscal était en 2009 progressif jusqu’à 20 000€ de niveau de vie net, puis proportionnel jusqu’à 50 000€… mais est probablement dégressif au sommet » des revenus. Quel éclairage cru sur la politique d’Etat !
La Sécurité sociale s’avère plus encore aujourd’hui l’instrument républicain de solidarité nationale et de redistribution républicaine. L’assurance maladie, tout particulièrement. Elle est donc à préserver dans ses fondements, à renforcer dans ses moyens d’action.